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  • Laheedjah Tikidanke

“Fences” - L'intestinale raclée de l'Uncle Denzel


Heureux et sadique Responsable des précédents “Antwone Fisher” et “The Great Debaters”, Denzel Washington est un Monstre qui, avec “Fences”, ne fait que violemment rappeler son statut à quiconque avait encore un doute à ce sujet.


De “Soldier’s Story” à “Mo Better Blues”, en passant par “Malcolm X”, “Philadelphia” et “He Got Game” ou encore “Training Day”, tout est bon pour ce talentueux tortionnaire aux épaules tombantes et à la démarche nonchalante.


Même dans un rôle d’enfoiré, Denzel se paiera toujours le luxe arrogant d’encore se faire aimer par le spectateur qui soutiendra son art. Si son jeu y est forcément pour beaucoup, il n’en demeure pas moins que quel que soit le rôle qu’il endosse, Washington reste encore et toujours imprégné de cette classe naturelle, ce charisme, cette violence élégante et ces colères contenues derrière un sourire carnassier et des menaces verbales quasiment susurrées d’une voix dangereusement douce à votre oreille, qui fera certainement à vie de lui l’acteur hors pair et incommensurablement respecté que l’on connaît.


Bien que fan depuis près de 30 ans, je n'avais pourtant plus vu grand chose de Washington depuis “American Gangster”. Toutefois, en 44 ans de carrière et en dépit d’une filmographie à laquelle je n’ai pas toujours accroché, je ne me rappelle pas UN SEUL film vu de lui dans lequel je n’ai pas aimé sa présence. Et avec ce “Fences”, le mec m'a tout simplement fait la piqûre de rappel qu'il me fallait, telle une relation toxique dans laquelle le gars que tu te crois capable de quitter un jour te jette au sol et s'enferme à clé avec toi dans une pièce juste avant de te dire :


"JE VAIS TE RAPPELER POURQUOI TU POURRAS JAMAIS CESSER DE M'AIMER".


Et avec ce film, c’est bien ce que vient de faire Denzel sur ma personne et ma sensibilité artistique.


Tirée d’une pièce de théâtre d’August Wilson déjà jouée par Washington à Broadway en 2010 et pour laquelle il avait déjà été primé, “Fences” évoque la vie de Troy Maxson, ancien joueur de baseball devenu éboueur et élevant sa famille dans une Amérique des années 50 en pleine évolution.


Le verbe virtuose et supra théâtral (et dont les monologues peuvent au départ mettre l’attention du spectateur à rude épreuve), le personnage de Denzel est autant emprunt de truculence et de joie de vivre de surface que d’amertume enfouie. Cette amertume, tant au sens propre qu’au figuré, finit par lui faire ériger des barrières ( = “fences”), jusqu’au cœur de sa propre famille. Ces barrières que Troy Maxson s’impose du fait de son passif, ses antécédents familiaux et ses espoirs déchus, ne lui permettent pas d’exprimer clairement, sinon maladroitement, les sentiments qu’il se sait capable d’éprouver pour les siens. De cette carence en démonstration affective ayant fait de lui le coriace qu’il est devenu, émergent au sein même de son foyer des conflits où chacun livrera ses frustrations, mais où aussi se révéleront les substituts dans lesquels se réfugiait Maxson pour atténuer son sentiment d’échec personnel, conduisant donc à l’éclatement de sa cellule familiale.


Outre l’éventail exceptionnel d’acteurs (Viola Davis ex-æquo avec DW) et l’extrême pudeur du jeu qui fait tout le sucre et le sel de “Fences”, il s’agit surtout ici de parler d’une tranche de vie dans laquelle si l’amour y demeure bel et bien, l’art de l’exprimer au quotidien n’est pas à la portée de tous, selon la façon dont on aborde la Vie, les conditions dans lesquelles on l’a vécue voire subie, ou encore selon ce qu’on a pu ou non recevoir d’Elle.


Au cours de ces 2h20 de projection dont je cherche encore la longueur, s’il paraît aisé de donner un avis sur ce film, il reste toutefois difficile de porter un jugement sur l’histoire qu’il relate. Car il n’est pas une famille, toutes générations confondues dans le monde réel, qui comme celle de Maxson n’ait pas connu son lot d’épreuves, de compromis et de trahisons de l’être cher, quand bien même ces mêmes trahisons se révèlent parfois même être une seconde chance pour celui ou celle qui aura accepté de pardonner en dépit d’un cœur resté brisé.


Tout ceci, “Fences” vu par l’œil du définitivement Splendide, Incisif et Solaire Denzel Washington, nous le rappelle avec rires et larmes, mais aussi perte et fracas. Sans jamais être parfait, Chacun fait avec ce qu’il peut et pourra même, après avoir déclenché les larmes, faire le bonheur de son Autre.


Ce bonheur et quelle qu’en soit la forme, on le constate souvent avec “l’âge”. Et cet âge, ça n’est rien d’autre que La Vieillesse.


Merci Denzel pour ce chef-d’œuvre, cette raclée intestinale qui m’a prise à la gorge et que je ne manquerai pas de revoir, mais une fois seulement que les larmes à l’intérieur auront cessé de couler.


… MERCI.

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