- Laheedjah Tikidanke
“Man Of The Woods”, le retour (trop) sucré de Tonton Timberlake.

4 ans après le très salopard raz-de-marée sonore et le puissant tour de force scénique « 20/20 Expérience », on attendait forcément Timberlake au tournant avec son nouvel opus, « Man Of The Woods ».
Sur les quatre teasings sortis pour l’occasion, seul un titre a su me gratter les oreilles. Exit « Filthy », « Man Of The Woods » et l’improbable « Supplies » que j’estime particulièrement indigne du personnage. Sans « Say Something », j’étais criminellement partie pour faire une gueule longue durée à Tonton Timberlake.
J’ai donc sauté le pas – en traînant des pinces aussi un peu quand même – et ce qu’il en ressort, c’est que s’il ne s’agissait pas de Timberlake, j’aurais trouvé l’album tout juste aimable et se laissant écouter le sommeil coupé à trois plombes du mat par la télé branchée sur les clips de W9, et en me disant que ce petit musicos avait un potentiel qui pourrait présager un bordel musical assez sympathique sur la durée (à condition aussi de tomber dessus la nuit sur W9).
Mais là on parle de TIMBERLAKE. Le gars qui t’a sorti des saloperies comme « Justified », « FutureSex / LoveSounds » et plus que jamais ce « 20/20 Experience » qui m’a officiellement déclarée fan de l’artiste. Et Timberlake qui revient avec un « Man Of The Woods » aussi… sirupeux sous le bras, ça glisse chelou dans mes parois.
Hormis « Wave » qui reste mon indiscutable coup de cœur, « Say Something » (la voix de Stapleton y est à mon sens POUR BEAUCOUP), suivent « Livin’ Off The Land », « Breeze Off The Pond », « Montana », « Midnight Summer Jam », et à l'arrivée, ça fait super peu pour un album comptant 16 titres.
Timberlake s’est marié, il est amoureux et devenu papa, on est content pour lui, il est aussi fier de son Tennessee natal et le laisse transparaître dans son orientation musicale. Mais le sirupeux à outrance où tu déclares ta flamme à rallonge, ton duo aussi consistant qu’une feuille de profil avec Alycia Keys et les gouzi gouzi de Silas couplés à la poésie de Jessica Biel en interlude, pardon JT, mais j’en n’avais pas besoin. Et ce déversement de bons sentiments qui suintent le sucre, c’est la salve en trop qui finit par me fumer l’enthousiasme déjà niqué d'entrée de jeu par de mauvais teasings, le bouquet de glaïeuls juste après le coffret de sextoys à picots, la chantilly en cover sur du chili con carne ; bref : du volcan fondu au jet d'eau de fleurs d’oranger sur ma gueule et mes feuilles.
En cela, et en dépit d’un ensemble qui se laisse (plus ou moins) écouter, je vois d’avantage « Man Of The Woods » comme une déception qu’un véritable retour en force.
Le gars m’a frappé la gueule par terre avec « 20/20 », et te relevant de ça, soit l’album d’après est le camion qui t’achève sur le bitume, soit ce sera le vélocycliste qui t’esquivera avant d’appeler les secours et reprendre sa route. On va dire qu’avec « Man Of The Woods », et en comparaison avec l'effet de ses opus précédents sur mes côtes, JT a cette fois proprement esquivé mes tripes.
Donc déçue en grande partie, même si ça n’enlève EN RIEN le respect que j’aurai toujours pour le Musicien (la preuve, je vais me réinjecter une session « 20/20 » pour équilibrer).
À la prochaine session ma Poule et sans rancune. T’auras mon argent pour la prochaine fois.
OU PAS.