- Laheedjah Tikidanke
Le Loup de Wall Street... Petit Frère des Affranchis...

... Mater Le Loup de Wall Street, c'est comme te prendre trois heures de barres dans le ventre, tout en te faisant défoncer le crâne à coup de crosses par une plâtrée de mafieux aux phalanges bardées de chevalières en or massif (et salement tatouées entre tes dents).
Si on parle "Scorsese", il est impossible de commencer la moindre bavette à son sujet sans qu'une ribambelle de répliques et titres de films te viennent à l'esprit.
Il n'y a qu'à dire De Niro pour penser Raging Bull, Taxi Driver pour penser "You're Talkin' To Me". Il n'y a qu'à dire Joe Pesci pour penser Affranchis et Casino, tout comme il n'y a qu'à penser Michael Jackson pour s'écrier BAD.
Derrière toutes ces petites références parmi un million d'autres, se cache un vieux Lion, indétrônable et confortablement câlé à vie sur son trône. Et ce Lion, c'est juste Martin Scorsese.
Mais le jour où Leonardo DiCaprio a croisé la route de ce Lion au débit de parole saccadé (et qu'il adule depuis l'enfance), l'assise internationale de cette gueule d'ange à gros cerveau allait définitivement s'ancrer dans le béton le plus armé de toute la sphère du 7ème Art.
De tout ce que je connais de la filmographie de ce mec, il n'y a pas UN SEUL long-métrage dans lequel il a joué que je n'ai pas aimé (AH SI, MERDE : Inception !!!... Nan mais c'est parce que j'avais rien pigé au scenar, c'est pour ça - mais bon tu vas faire comme si t'avais RIEN LU pour pas niquer ma thèse).
De Gangs of New York à Aviator, et des Infiltrés à Shutter Island en passant par ce dernier né de Wall Street... Des mains de ces deux Monstres, ces cinq saloperies ont vu le jour. Et pour chacune d'entre elles, ma gueule a sévèrement goûté...
Le talent d'un réalisateur est de chercher à t'intéresser aux sujets les plus atypiques (traduction = ceux dont tu te fous éperdument à la base) et parvenir à te scotcher pendant trois plombes sans décoller de ton écran comme un toxico en manque. Oliver Stone y est arrivé avec l'excellentissime Enfer du Dimanche sur le football américain (dont je suis pas foutue de piger l'ombre d'un quart de fion de mouche à son bordel de cahier de jeu). Spike Lee quant à lui pourrait te filmer un mur en 3D pendant 8 piges que j'irais quand même les yeux fermés.
Mais que Scorsese s'attaque à la finance à travers le portrait d'un petit connard de trader clinquant toxicomane, et qui nique tout ce qui tousse comme un lapin sous perf avant de tout perdre... J'y serais peut-être pas allée sans une vraie gueule d'affiche en teaser pour m'encourager... Et pour ce film - du 1er au 125ème rôle, le Lion Scorsese a encore frappé fort... Sauf que cette fois, il y est allé à coup de batte en métal clouté dans la gueule...
Au départ, on pense assister à un biopic hyper léché où il sera fait peu de place à la dérision... Mais rien que l'entrée en matière de ce psychopathe de Matthew Mc Conaughey (qui fait enfin autre chose que le beau gosse de pub pour parfum), dans son rôle de mentor financier déjanto-vantard-cocaïnomane fini, a clairement renversé la vapeur.
On va être clair. Scorsese, que je n'aurais jamais imaginé taper un jour dans la comédie cradingue, m'a cette fois sérieusement prise au dépourvu, et pour mon plus grand plaisir. Il n'a fallu que quelques minutes après le générique pour que je tombe littéralement amoureuse de ce que j'allais voir, sans même savoir ce qui allait concrètement m'exploser aux pupilles.
Ce trader qu'incarne le Roi Leo existe bel et bien***. Et pour décrire le vécu taré de ce mec qui s'offrait le luxe de forniquer de la fouffe sur un matelas de billets verts, il fallait une mise en scène de taré. Et pour donner corps au propos... il fallait SURTOUT un acteur tout aussi TARÉ. Et en confiant la bête à DiCaprio, Scorsese a tout simplement fait dans le Barré 20 000 carats.
Et au final, ce Loup de Wall Street, c'est purement et simplement du Grand Art. De la grandeur et de la décadence pur jus. Du sexe, de la drogue, du Hip-Hop old school et du Plastic Bertrand en toile de fond (un faussaire dans le biopic d'un autre, chapeau Marty, fallait le trouver).
Un bijou visuel digne d'un petit frère des mythiques Affranchis (mon dépucelage cinématographique - depuis 20 piges, je le répète), qui troqueraient le crime organisé pour la finance. Pour ses prises de vues, pour sa bande son, pour ce côté voix off si cher à Scorsese dans ses films, mais surtout pour cette présence insolite de Jean Dujardin en banquier suisse, dont le feeling – sans pour autant faire dans l'imitation – rappelle très étrangement la prestance d'un De Niro fraîchement grisonnant (VOIR pour COMPRENDRE).
Plus qu'une satire, c'est un brûlot sur pellicule, où tout et n'importe quoi sauf la normalité a sa place, durant ces trois heures au cours desquelles la sangle abdominale du public a franchement pris cher. On ne compte plus les scènes d'anthologies, de franche camaraderie et de débauches intenses et hautes en couleurs, qui dépeignent sans concession le degré de barjitude haut de gamme dans lequel a évolué le véritable trader Jordan Belfort.
Du reste... J'avais des doutes mais maintenant j'en suis sûre : il faut de toute urgence faire interner ce DiCaprio pour TALENT FOU FURIEUX - le mec est tellement bon que ça devient chiant de le dire, mais se prendre à chaque fois son jeu dans la gueule restera toujours aussi positivement INSUPPORTABLE... Et ça... J'en voudrai toujours ENCORE.
BREF.
Lâche-toi franchement et va voir (EN VO) ce bordel qu'on appelle Chef-d’œuvre. T'en auras ET pour ton pognon... ET pour tes ABDOS.
PS :
… T'as remarqué qu'à aucun moment j'ai développé sur le synopsis du film ? Aha... Mais sinon tu sais pourquoi ou pas ? Parce que comme l'explique le personnage de DiCaprio dans le film... :
« En réalité, tout le monde s'en fout. L'essentiel ? C'est le résultat ».
Ah oui... Et une mention SPÉCIALE à la scène du Bad Trip de Jordan Belfort (là aussi... VOIR pour comprendre... ET MA PAROLE, TU VAS COMPRENDRE)...
Bon vas-y bisous.
*** L'histoire vraie de John Belfort, interviewé en 2009 par Paris Match :
http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Jordan-Belfort-A-fond-la-caisse-138686