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  • Laheedjah Tikidanke

Avatar... ou l'énième consécration Cameron


Le meilleur moyen de ne pas être déçue, c'est encore de ne rien attendre. Je n'attendais donc rien d'Avatar dont la bande-annonce et le foin fait autour de sa sortie avaient suffi à me gaver, et dix fois plus convaincue de ne pas mettre un centime de ma thune dans un film que j'avais déjà classé section Manga 3D pour toxicos shootés à la PS3 avant même de l'avoir vu. Il y a quelques mois de ça, je m'enflammais sur les prouesses techniques du "2012" d'Emmerich, en affirmant, l'air grave, main sur le coeur et cheveux aux quatre vents, qu'il n'y aurait plus rien derrière ce film. Preuve est qu'en plus de la Vie elle-même dont on ne sait jamais ce qu'elle nous réserve, le progrès technologique en fait plus que jamais partie intégrante. Comme chaque décennie a son artiste, son sculpteur, son homme de lettre, son ennemi juré et son héros, s'ajoute pourtant à la chaîne une troisième décennie consécutive durant laquelle l'industrie cinématographique aura l'obligeance et le privilège de compter avec James Cameron. Derrière une bonhomie couplée à une réputation de perfectioniste tyranique, s'asseoit l'excellence de l'un des cinéastes les plus libres et audacieux de notre ère, à qui l'on doit de mémorables perles comme Abyss, Terminator ou encore Titanic. Sortie de projection d'Avatar, les mots ont manqué pour décrire la force de fascination, d'émerveillement voire aussi de colère qu'a pu déclencher ce film en moi. Entre le mémorable Apocalypto de Mel Gibson et la Foret d'Emeraude de John Boorman, les Na'vis, géants bleus aux yeux félins, nous rappellent tant les Mayas par leur allure qu'ils nous ramènent incontestablement vers les Peuples du Continent Mère de part leurs traits, leurs rites et leurs chants. Autant les autochtones sont la plupart du temps perçus comme des "sauvages" par lesdits "civilisés", autant le "SAUVAGE", ici, est le plus vêtu de tous : l'Etre Humain. A ce titre, Avatar m'apparaît clairement comme une dénonciation moderne contre toutes les formes de colonisation possibles et imaginables instaurées en tous temps par l'homme depuis la Création. A plus forte raison, quel plus fort symbole que celui - lourd de sens selon moi - d'avoir confié les rôles principaux des Na'vis à des acteurs d'origine essentiellement Indiennes et Africaines (Wes Studi, Zoe Saldana, CCH Pounder, Laz Alonso, Peter Mensah) ? Si Avatar doit en grande partie son succès à la vulgarisation de la dimension 3D en salles obscures, il la doit définitivement à la qualité inédite de son esthétisme, de sa perfection visuelle, et de cette histoire d'amour, symbole d'un rapprochement respectueux de l'Autre et de l'absorption tant de son hygiène de vie que de ses convictions profondes ; histoire d'amour autour de laquelle se tisse et nous étreint littéralement la somptuosité d'un univers parallèle luxuriant qui nous laisse plantés là, hagards, vaincus devant la beauté, si terrible, des images, au point qu'elle en devient blessante et fait couler les larmes, sans qu'on les maîtrise, ni ne puisse encore moins les arrêter. Mais on prend la mesure de l'homme, et de son ingéniosité qui n'a d'égale que son mauvais fond, dès lors qu'il ne sait plus se contenter de nourrir sa curiosité en allant vers l'autre, et s'emploie à l'assujettir à défaut de ne pouvoir être ce qu'il est, avoir ce qu'il a. C'est peut-être en cela qu'on oublierait presque la taille démesurée de ces Na'vis qui, sitôt placés près d'un humain, nous rappellent à quel point l'Homme n'est d'abord rien d'autre qu'un "petit". Citation du film : "Quand un peuple est assis sur une chose qu'on convoite, on en fait son ennemi. Et ça justifie le pillage". Est-il encore besoin de méditer là-dessus. Avatar ne se raconte pas. Il se vit. Et rend amer de n'être qu'une fiction.

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