- Laheedjah Tikidanke
Quand "TALK TO ME" parle à mes tripes...

- "W.O.L. is a station of the people, for the people... by the people.
- I'm the People."
Les gars, c'est les yeux encore embués de larmes et le cœur en flammes que j'agresse mon clavier de mes petits doigts musclés pour vous parler de "Talk To Me", qui relate la carrière de Petey Greene, ex-détenu reconverti en animateur radio des 60-70's dans la station WOL de Washington DC, et découvert par Dewey Hugues, devenu son ami et manager.
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Escortée par une bande-son absolument mythique et flanqué d'un casting insupportable (Cheadle, Ejiofor, Cedric The Entertainer, Vondie Curtis Hall, Martin Sheen et Taraji P Henson), Talk To Me ne se contente pas d'être un film Afro sommaire, mais s'avère tout simplement être le franc témoin d'une époque déterminante de l'Histoire des Afro-Américains, dont l'opinion, l'influence, les colères et les revendications prennent forme, pèsent et finissent par payer, à une période où le racisme et les clichés négrophobes sont à leur apogée.
Au-delà d'une carrière, c'est aussi l'histoire de deux hommes aux destins, aspirations et convictions diamétralement opposés que les événements feront s'associer, se lier, se déchirer, et finalement se réconcilier.
La palme revient sans appel à Don Cheadle et Chiwetel Ejiofor ex-aequo (franchement j'ai du mal à les départager tellement c'est énorme), deux monstres ENFIN estimés à leur JUSTE VALEUR de comédiens POIDS LOURDS, et avec lesquels il faut définitivement compter pour l'avenir (ou alors c'est pas normal). J'attendais ce déclic, cette gifle, cette râclée, je l'ai eue en double cet après-midi, Cheadle m'a laissée sur le carreau. Pourtant ce ne sont pas les perles cinématographiques qui manquent à son palmarès (Hotel Rwanda, Crash, Traffic ), MAIS LA c'est un tank que je me suis pris dans la colonne vertébrale. Le gars m'a jetée contre un mur et j'ai pas encore fini d'en glisser pour finir par terre, son jeu dans ce film n'est ni plus ni moins qu'un choc visuel. Une apothéose létale.
Quant à Chiwetel ça devient de moins en moins possible : ce mec m'assassine à petit feu. Dans chacun de ses films, ça va crescendo, j'en ressors toujours agréablement surprise et de plus en plus conquise, mais ici, dans "Talk To Me", c'est carrément une punition. C'est tellement sublime que ça fait mal. Surtout quand on doit se prendre ces deux puissances en même temps et dans le même film. Comme ce fut le cas pour Cheadle et Ejiofor ici.
J'ose à peine mentionner Taraji P Henson, petit bout de femme tout en couleur et en beauté (mais vraiment), mignonne comme un cur, la meuf est absolument à croquer, c'est un bonbon acidulé transpirant la tendresse, bref ; un vrai plaisir des yeux, une actrice des plus attachantes qu'il m'ait été donné de voir récemment (la dernière en date à m'avoir rendue chou-fleur comme ça c'était Anika Roni Rose dans "Dreamgirls").
Visionner Talk To Me était comme regarder un album photo de son enfance (avec les films protecteurs de l'époque pour recouvrir les photos Laughing), entendre les sons qui ont bercé tes pauses biberons, revoir toutes ces pattes d'eph' et cols pelle à tarte, ces coupes Afro belles comme des couronnes, ces ambiances qui te donnent envie de remonter le temps, cet humour qui frappe quand ça prévient le moins (la première prise d'antenne de Greene ; j'étais carrément dans l'état de Chiwetel, bouche bée et yeux équarquillés à m'agiter des bras sur mon canapé pour que Cheadle parle dans le micro ), cette émotion qui te prend à la gorge sans que tu comprennes comment, comme l'annonce du décès de M Luther King, les réactions des animateurs avant de passer à l'antenne, le concert gratuit de James Brown pour calmer les foules (au fait, chapeau pour le gars qui jouait son rôle, même en 3 secondes j'ai accroché), et précédé du discours de Greene avant sa montée en scène, la musique additionnelle de Terence Blanchard (impossible de pas penser à Spike Lee) ce fut sans gêne pour le dire, un véritable moment de bonheur, une euphorie intense, un pur et total moment de cinéma qui donne envie d'être acteur de sa vie (non spectateur), et surtout de se réjouir de voir qu'il reste encore des Afros DEBOUT sur Terre.
C'était du vrai bonheur.
Je vous le recommande chaudement, à voir entre potos, définitivement (en VO bien sûr).