top of page
  • Laheedjah Tikidanke

American Gangster - Une déception correcte


A chaud, sortie de salle avec un Homeboy et après un gros débat au Mc Do (:-D), je rentre donc de projection.


… Et plutôt mitigée en fait.


Sans dire qu’American Gangster est un mauvais film car restant quand même correct (ça veut pas dire que j'y retournerai non plus), il ne casse pas de briques pour autant – du moins pas autant que je l’aurais espéré, compte tenu du grand renfort de pub et d’encensement massif des médias dès sa sortie. On parlait de "classique" en vue, j’ai surtout vu un remix de clins d’oeils à d’autres classiques du genre, sans que le film en lui-même n'en devienne l’un d’eux un jour. Sans parvenir à l’expliquer, il manque quelque chose à ce film.


A en juger par la façon explicite dont commence le film, on se dit "WAOUH ; PRESSION !!!" et on se frotte les mains à l’idée d’une rétrospective Scorsesienne de la carrière d’une légende (ou d'une petite frappe c'est au choix), mais ce film s’articule surtout autour d’une dénonciation contre les systèmes de corruption chez les flics, tout aussi Bad Guyz et corrompus que ceux qu’ils traquent – d’où le titre du film "American Gangster", qui selon moi englobe tout un panel de criminels Américains, le genre « parti de rien » faisant ou ayant fait l’histoire et la légende des Etats-Unis, quels que soient leurs rangs dans la société, ou la branche dans laquelle ils officient (flic, gangster, l’un ou l’autre voire les deux à la fois).


Tout reproche contre Ridley Scott exclu, mais j’ai du mal avec les réalisateurs "touche-à-tout", qui passent du coq à l’âne avec une violence telle qu’ils m’empêchent d’identifier leur touche à chaque nouvelle œuvre. Avec Scott on passe de Blade Runner à Thelma et Louise, puis d’Alien à Gladiator en passant par Hannibal Lecter et 1492 C Colomb. On se sent comme le gars de western forcé à danser pour éviter les balles qu’on lui tire dans les pieds. J’aurais préféré un John Singleton, un De Palma voire un Van Peebles derrière le porte-voix pour faire ce film. Spike Lee j’en suis sûre et avant de me coincer le doigt dans la porte fraîchement claquée, m’aurait tout simplement répondu "Hell no !!!" :-D.


On peut noter un casting particulièrement savoureux, et qui nous a valu quelques bonds d’hystérie réduits aux chuchotements mal contenus de salles obscures (tu sais quand tu peux pas hurler bien fort en cognant ton pote du coude et pointant nerveusement ton doigt vers l’écran : "EEEEEH C’EST UNTEL IL A JOUE DANS TEL FILM !!!!", et que tu dois tout bloquer dans tes côtes pour pas déranger le spectateur d’à côté qui crève d’envie de te dire de la fermer).


Il y a aussi eu ce bonheur et cette très sincère émotion en revoyant, aux côtés de DW, Roger Guenveur Smith (ici dans le rôle de Nate, cousin de Lucas), très souvent vu dans les films du Brother Spike, dont le mémorable bégayant Smiley vendeur de photos de Malcolm X et Luther King dans Do The Right Thing, ainsi que Summer of Sam, He Got Game et plus particulièrement dans Malcolm X, la scène dans laquelle DW jouait à la roulette russe sur son nez "mi-Nègre, mi-Rital" pour lui rappeler "who’s in charge" ;-). De les revoir ensemble plus de 10 ans après en se remémorant cette scène nous a carrément émus !


Arrivent ensuite Joe Morton (et son look indescriptible), TI, Common (dont je regrette la casquette éternellement vissée sur son crâne comme s’il était dans un de ses clips), RZA du Wu Tang en flic amorphe, Anthony Hamilton (petite apparition sur scène en soirée, sapé en Curtis Mayfield), Armand Cassante, qu’on a surtout vu dans des petits téléfilms des 80-90’s… tout un panel de personnalités poids lourds dont les rôles méritaient peut-être un peu plus de profondeur, tels que Chiwetel Ejiofor (visage impérial, ce mec est d’une beauté Africaine incontournable) dont le talent, s’il n’est plus à prouver, mérite d’être mieux exploité dans un futur proche. … Chiwetel, qui – par ailleurs, dans Four Brothers, m’avait déjà interpellée par ses traits et plus particulièrement son regard, là m’a complètement dissoute avec le reste. Si quelqu’un a son phone ce serait cool de faire tourner (pour Common et T.I. c’est bon j’ai trouvé).


Bien que n’ayant pas vu passer les 2 h 30 du film, j’en regrette toutefois les nombreuses longueurs dont on aurait pu faire l’économie, ce qui nous aurait évité un sursaut de dernière minute et profiter d’une petite frénésie aussi vite repartie qu’arrivée (la descente dans le Taj Mahal local).


Une mention définitivement spéciale à Russel Crowe (voix divinement masculine), que j’ai littéralement adoré dans ce film et dans ce rôle taillé sur mesure, soit à la hauteur de son talent, son charisme et sa personnalité (ours mal léché).


Concernant DW, l’avis sera tout en paradoxe, car bien que – comme d’habitude – toujours aussi excellent tous rôles confondus tout au long de sa carrière, il reste néanmoins "Denzel-Washington-quoi-qu’il-joue". 90% du temps c’est tout le sel de chacune de ses prestations, mais j’aurais voulu une fois comme ça, qu’il dépasse sa légende, qu’il fasse qu’un jour on ne le reconnaisse pas dans un rôle de composition, bref qu’il casse le mythe, tout comme De Niro qui, dans un (pourtant) petit film, a su renverser la vapeur en se glissant dans la peau d’un psychopathe aux colères démesurées (Les Nerfs à Vif), ou encore d’un patient atteint d’encéphalite (l’Eveil – de loin son plus beau rôle).


Dans chacun des films que j’ai vu avec DW, j’ai toujours adoré ses colères (le coup de bouteille au bar dans Malcolm X, ses rapports de force avec son lieutenant dans Soldier’s Story, sa rage à peine contenue dans Mo Better Blues après le tabassage de Spike et Hurricane Carter). Et concernant American Gangster, si je ne dois choisir qu’une scène du film, je ne retiendrai donc que son coup de sang près du piano (MANMAN 8-O).


A la manière des confrontations de « Monstres Sacrés » après laquelle on court durant tout un film pour finalement la voir tourner en jus de pompe en 2-2 à trois secondes du générique de fin (façon De Niro / Pacino dans Heat, Hanks / Newman dans Les Sentiers de la Perdition), on a donc espéré et attendu celle de Washington et Crowe, pour finalement nous la faire super courte, incisive à moitié avec un cycle d’évolution plutôt gravement bâclée sur la relation qui prend forme entre les deux protagonistes. Relation qui n’est d’ailleurs pas sans sauvagement me rappeler le Catch Me If You Can de Spielberg, dans lequel Franck Abagnale devient pote avec le FBI man Carl Handratty après une traque planétaire (et véridique là aussi) pour fraude et escroquerie.


Pour finir, j’ai particulièrement aimé l’image finale du film qui, avec la baisse du rideau (et sans entrer dans les détails), traduit pour moi la fin d’une époque (l'endroit d'où il sort et le contexte d'alors) et le début d’une autre, dans laquelle Lucas va devoir se muer, qu’il le veuille ou non, et ce sans forcément la maîtriser, car le monde n’aura pas attendu qu’il revienne pour évoluer.


Donc voilà. Je m’attendais à une dynamite, j’ai plutôt eu la bougie d’anniversaire à mèche courte.


Un p’tit 12/20 ça devrait le faire.


Voilà sans plus.

A l'affiche
Posts récents
Archives
SUIVEZ-MOI
  • Facebook Basic Square
bottom of page